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SILVERPECHE.com

la pêche de la daurade, du sars, du pageot, du pagre du calamar. Pêche du bord dans les calanques de Marseille, cassis.

Quand on a une idée derrière la tête. Pour lecteurs avertis...

 

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      Quand on a une idée derrière la tête c'est un truc qui vous prends les tripes, une truc qui ne te lâche pas jusqu'au moment où arrive à le mettre bout à bout les choses en oeuvre pour arriver à ses fins quoiqu'il arrive.

Mes dernières pêches m'ont mis en ébullition au point de ne penser qu'au moment où je vais me retrouver encore au moins une fois avec une liche au bout de la ligne, seulement voilà. Je ne puis être seul pour ça, un poisson record ne se promène pas comme une blanquette ou un sar aussi gros soit t'il car dès les premières minutes c'est lui qui dirige aisément le bal. Cette fois-ci un étrange sentiment est né, autant de puissance sans violence m'a profondément remanié au point d'aller fouiller dans tout internet sur de possibles montages ou d'irréalistes façon de les attirer. Hé oui, voilà un tournant qui va marquer d'une pierre blanche les épisodes rocambolesques de notre petite équipe car je vais à coup sûr leur casser les pieds jusqu'à ce que nous nous consacrions largement à cette pêche si impressionnante. Mais au juste je ne sais pas vraiment comment m'y prendre, ces liches sont t'elles attirées par un énorme broumé qui font de véritables ravages sous l'eau ? Faut t'il avoir un bol de dingue ? Voilà des questions que je ne me suis pas posées depuis très longtemps, le temps où je ne savais pas comment prendre une belle daurade ou un beau loup, l'époque ou prendre un sar pas trop moche tenait du miracle. A vrai dire, aujourd'hui, je redoute de prendre des sars tellement je sais ou et comment les dénicher, le bal des saisons dirige le comportement des espèces et il suffit de le suivre pour en récolter tout les bénéfices, mais ces prises ne sont pas rares et elles deviennent presque sans intérêt depuis peu. Curieusement je me confronte à un sentiment général de pêcheurs qui pensent que prendre des calmars n'est pas une pêche difficile, en réponse, je peut dire que caler des lignes au abords d'une plage et attendre la touche ne l'est pas non plus au vu des poissons pris. Non en vérité la pêche aux calmars est au moins aussi passionnante que toutes les autres pêches car il y a des paramètres moins évidents qui rentrent en action vu que nous nous penchons sur le cas de prédateurs actifs. Ils ne broutent pas les herbiers, ils se déplacent toute la journée, n'élisent aucun domicile et restent opportunistes de jour et de nuit. Ils suivent les courants ou les proies pendant des heures afin de se retrouver au final dans un compromis reproduction et nourriture qui nous force à se dépasser un peu pour comprendre tout ça.

J'ai commencé à pêcher le calmar de façon régulière en 2006 et à l'époque je faisant confiance aux poste très visités qui pouvaient offir des contextes rassurants comme proximité de la voiture, postes faciles d'accès et techniquement dérisoire. A cette époque dans mes bonnes soirées j'étais heureux de pouvoir prendre trois ou quatre calmars dans la nuit et ceci pour plusieurs raisons. Le manque de discrétion, le choix des poissons, la profondeur choisie, le matériel et un énorme manque de motivation. Pourtant je voyais bien autour de moi cette passion pour le calmar mais traitée comme de la pêche de seconde zone, on fait des pêches de guigne.

Avec de bons copains qui connaissent bien le sujet, des postes réjouissants mais vraiment au bout du monde, on arrive mieux à cerner un animal qui au bout du compte est exactement comme les autres à un détail près...Il n'a pas souvent l'habitude de se faire chasser. Si ce n'est pas des thons ou autres pélagiques il se frotte contre les roches que pour s'y reproduire en hiver, il renouvelle l'espèce, il s'alimente et rien ou presque ne peut le déranger si ce n'est les pêcheurs. Ce manque d'habitude lui est souvent fatal car il suit, il est tenace et n'abandonne presque jamais, voilà un trait de caractère bien particulier. Si tu loupes un poisson au ferrage tu es sûr que tu ne le revois plus de la nuit, hé bien un calmar ça a l'air de l'exciter, il attaque plusieurs fois ta sardine, si il n'y arrive pas du premier coup il tente sa chance plusieurs fois, si ça c'est pas de la chasse !!!! Comme tous les prédateurs il voyage en groupe compact avec un chef de meute, souvent le plus gros, les autres pourchassent et suivent de près ce que le "chef" a trouvé. Mais il ne se laisse pour autant pas avoir par un poisson mal présenté, il faut rester discret et je dirais même, très discret sous peine de passer à côté d'un groupe qui pourtant est affamé. Les derniers mois de l'année mélangent les compétences des espèces qui se côtoient par épisodes, à nous de les déchiffrer au mieux et leurs présenter toute notre expérience qui au bout du compte fait de nous des gens heureux...

Ce Mercredi c'est le calanques de Marseille qui va accueillir les bribes de notre troupe en ébullition. Mais ce n'est pas directement le calmar qui guide nos pas car il faut bien le dire il n'y en a pas encore beaucoup voire pas du tout et sur ce plan seul les Marines de Cogolin et les alentours ont déjà leur visite. Non là c'est surtout le gros pélagique qui est visé, pour ce faire, j'ai un armement digne d'une pêche à la traîne et ce n'est ni pratique ni facile d'envoyer un sar de trois cent grammes avec une canne qui  a la souplesse d'un tronc d'arbre, mais bon à côté ma ligne au calmar fait vraiment ridicule...Ce poste est un cocktail de tous les autres coins, en plus le fond vertigineux bouscule un peu mes repères car le bouchon réglé à 45 mètres met au bas mot cinq minutes avant de se calibrer correctement, si un poisson ou un calmar viens à l'intercepter à la descente il ne sera pas possible d'être rapidement informé. Pour le pélagique c'est plus facile car je ne vais mettre qu'une petite dizaine de mètres, le bouchon est une bouteille d'eau surmonté d'un gros starlight. Le but de la bouteille c'est de fatiguer le poisson à ma place car si il cherche à sonder il faudra qu'il le fasse avec un truc qui résiste fortement sans que je sois obligé de le contrer et en principe cela devrais me faciliter la tâche.

Je suis en poste, je suis assis le dos appuyé contre une roche les cheveux balayés par le vent d'EST qui fusille tout ce qui bouge ici, les cannes à pêche sont à peine en action et mon esprit peu enfin voyager un peu sous les bourrasques telluriques. Il est important pour nous de se poser après une bonne journée de travail, il est nécessaire de faire une pause dans un film qui défile souvent un peu vite, mais il est aussi primordial de ne pas voir en la prise de poissons un aboutissement qui occulterait ses petites peines de tous les jours. Il ne faut pas perdre de vue que  les poissons qui se laissent prendre à nos pièges bien aiguisés ne sont pas des numéros qui sont là pour nous servir, ils sont vivants et ils méritent d'être respectés. Quand on y pense, tout est une question de niveau de vie, quand on est pêcheur on se positionne en haut de l'échelle de la prédation. il est facile de rendre ou de prendre la vie, mais une âme de poisson n'est valeureuse qu'avec l'importance qu'on lui accorde. Bien souvent je ne peut m'empêcher de penser que dans l'échelle sociale des humains je ne vaut pas mieux qu'une bogue pour "l'élite" de nos représentants politiques, pourtant je suis un individu qui mérite de vivre tout comme un haut représentant de notre nation et je n'ose imaginer le peu d'importance que nous avons dans la vie publique. Tout ça me pousse à ne pas reproduire à mon tour des différences sur mon propre jugement de la vie de mes poissons car malgré tout une petite vie est une vie quand même avec sont lot de joies, de peines, de peurs ou de tentations.

Mais ce soir je suis bien, la fumée de ma cigarette qui s'échappe rapidement en battant des ailes me réconforte profondément, tout est calme et tranquille car il n'y a que des vagues de trois mètres et le vent ne souffle qu'à cent à l'heure de face. Je peut voir au loin avec l'éclairage de la maigre lune qui illumine le dessus de la mer qui danse lentement une valse de vienne bien cruelle. Je ne sait plus au juste quel sont mes projets de ce soir tant je suis fondu dans le moule des roches, je suis invisible, j'ai disparu pour échapper au petit vent ce qui me rend plus efficace. Au fur et à mesure que mes yeux cherchent des points de lumières pour se caler dans l'espace, je commence à deviner tout mon entourage et je n'ai presque plus besoin de ma frontale puissante pour trouver mon chemin sur cette dalle d'une dizaine de mètres carré.

D'un coup j'ai les yeux qui se plissent car la bouteille d'un litre et demi qui me sert de bouchon fait de drôle de virgules, c'est pas vraiment violent mais elle n'avait pas trop bougée depuis plus d'une heure et là depuis cinq minutes elle fait des figures plutôt bizarres, ça m'intrigue un peu. Aurais-je la visite d'un calmar ? En tout les cas c'est pas un thon ou une liche qui tourne autour car j'espère que cela me ferait un autre style de touche...Mon autre écureuil dans le même temps monte à toute allure sur le fil de l'autre canne, voilà on y est et c'est toujours pareil, tu n'as pas de touches ou toutes les cannes donnent en même temps, c'est ainsi !!! Bon je vais laisser un peu le montage à la liche quelques instants pour le consacrer à cette touche qui me paraît tout à fait plaisante car on le sait bien si tu laisse un sar se cacher dans un trou c'est la casse assurée, mais avec un temps de réaction rapide normalement il ne s'en sort pas. La canne ne main il n'est pas difficile de capter que le poisson est au bout et qu'il ne va pas tarder à chercher une issue si je tarde trop. La touche est facile à comprendre. Quand le sar pinaille sur l'appât les tirettes sont assez longues et espacées d'une minute, quand il est piqué, les touches sont courtes et rapprochées voire désordonnées. Cela ne veut pas que le poisson est petit, c'est juste qu'il a trouvé l'hameçon comme une fève dans le gâteau des rois, sauf que là c'est sa dernière surprise patrie si il est de belle taille. Soudain la canne se plie généreusement et ça c'est le signe du départ, il monte par étages ponctués par de bons coups de têtes réjouissants.

Bon là je suis sûr que je n'ai pas le poisson de l'année et je prie pour qu'il n'est pas tout avalé comme un gros goinfre qu'ils sont. Le temps de débrayer le sar qui s'est laissé prendre je contrôle toujours du coin de l'oeil le reste qui est en action sous la tempête...en action certes mais le montage à disparu sous les eaux très agitées, d'un bond alors que je pinaillais à sortir le gros hameçon de la gueule du sar, je coupe le fil avec les dents et je le remet à l'eau tendrement,  non je rigole je le balance en vrac dans l'écume pour sauter de plus belle sur la canne qui me porte sur mes rêves de ces derniers jours.

Nadine Hamouck ( salut Will), me dis-je soudain pensif...Le fil est tout embrouillé dans les roches à cause de la houle, de la pointe du scion je cherche à défaire un engambi qui de tout façon va se finir en aïgo-tricàou car quand on met en oeuvre de la magie pour les canards, ça se fini toujours en pantalonnade... Comme prévu le montage va exploser dans un bruit de pétard ( PAFFF) me signalant qu'il est inutile  de me grouiller c'est cuit car le poisson à arraché le montage !

Parfois, on arrive à assumer ses pêches car quand tout vous met à l'épreuve il reste souvent une petite réserve de zénitude qui absorbe le flot d'embrouille qui vous arrive en pleine gueule. Mais là c'est de trop, je part avec un vent de près de 100 à des heures indues suite à une série d'embrouilles à la maison, mon poste est à une heure de marche au fin fond des calanques de Marseille avec bibou dans la quiche me faisant tituber presque limite pas faisable. Sur place c'est les gros embruns qui t'arrosent les affaires et la figure sans vergogne. Je ne sait encore par quel miracle j'ai pu voir une touche à cinquante mètres dans les vagues de plus de trois mètres pour aller casser du 80 centièmes à la main quand ton poisson record y est au bout...

Je vais dire pour terminer cette soirée que quand on a pas la "tchouga" c'est pour de 16h30 au matin. Dans créneau horaire, tu peux faire des crêpes aux poissons cela ne sert à rien car ton entreprise est vouée à l'échec d'avance. Pas la peine de se lever le fion pour exorciser la météo, pas la peine de croire qu'un ange veille sur tes efforts pour t'allouer une récompense sur les risques que tu vas prendre, non, je suis là comme un con qui a pris tous les risques pour venir, qui a inventé un montage bestial qui a cassé à la moindre houle et surtout à imaginer ( comme au loto) qu'avec de la foi tout est réalisable. C'est en partie vrai mais cet ange m'a montré le bonbon et me l'a repris aussi sec...

Je vais plier rapidement mes deux cannes dans la tourmente, je n'ai pas prévu de plan "B" pour le gros et de toute façon la mer est à plus 18° ce qui élimine le calmar de la listes de mes proies. Les bourrasques me foudroient à la remontée dans les gravières des têtes de roches, pourtant, je vais rester un moment à subir ses frasques tièdes car malgré tout, la maigre lune m'offre un panorama qui soulage mes aventures et ses déboires rocambolesques. Trois quart d'heures plus tard je suis à la voiture, je pose lourdement mes affaires au sol après une telle marche, je suis épuisé par le parcours si dangereux. J'ai les cheveux en vrac, j'enfourne les affaires dans le coffre, je monte dans la voiture et un calme saisissant m'envahit, une question se pose, comment puis-je raconter cette aventure où, j'ai pas pris mon appareil photo et où de toute façon il ne s'est rien passé de vraiment racontable ? Du coup cet article va s'adresser à ceux qui lisent nos lignes et ceux qui ne lisent pas ben ça sera le plus mauvais de la série...Tant pis.

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