28 Octobre 2012
Nous nous sommes rendu plusieurs fois dans le coeur du Parc des calanques appareil photo en bandoulière afin de mesurer au mieux l'impact que cela induit dans les esprits et du comportement que nous devrions observer dès maintenant. Nous avons même un peu forcé le passage en pêchant dans le coeur de la zone de non prélèvement pour voir si quelqu'un allait nous interpeller et/ou nous faire plier boutique. En fait rien n'a vraiment changé, les bateaux croisent au raz des côtes, des filets sont toujours en place tout autour de Podesta et dans un tel climat de non changements nous avons voulu savoir pourquoi côté règlements...
En fait pour mieux comprendre les nombreux rouages d'une telle entreprise il est nécessaire de parcourir profondément les lignes de légifrance qui dresse la liste non exhaustive de centaines d'alinéas, on y découvre le décret n°2012-507 qui parle de beaucoup de choses qui ne nous intéressant pas du tout ( comme la chasse), mais à arrivé de l'article 11 le décor change, il est écrit que la pêche professionnelle et de loisir est interdite dans le parc. Bon, jusqu'ici on est d'accord mais un peu plus loin, un autre article vient manifestement contredire le premier. Il est écrit que presque tout les filets sont interdit dans le coeur du parc "mais" il n'est pas applicable aux pêcheurs de petits métier mentionné dans l'article 30.
Dans l'article 30, l'interdiction édictée dans l'article 11 n'est pas applicable aux personnes physiques exerçant dans la zone de protection renforcée une activité professionnelle aux petits métiers de la pêche maritime rattachée aux prud'homie de Marseille, Cassis, la Ciotat, Bandol, le Brusc, Sanary à la date du 01 Janvier 2012.
Extrait de l'article 29,
Dans les espaces maritimes du cœur du parc définis au
II de l'article 1er autres que les zones de non-prélèvement et des zones
déjà interdites au chalutage par la réglementation européenne et ses
textes d'application, l'interdiction édictée par le 1° du III de l'article 11
n'est pas applicable aux pêcheurs professionnels exerçant leur activité
dans le cœur du parc, rattachés à la prud'homie de Marseille, Cassis ou La
Ciotat à la date du 1er janvier 2012, jusqu'à la cessation de l'activité de
l'armateur ou du navire et au plus tard jusqu'au premier jour de la
quinzième année suivant la publication du présent décret.
Le directeur de l'établissement public du parc national établit et tient à
jour la liste de ces personnes et navires.
Je ne sait que penser de tout cela, on est dans le parc certes mais, les petits métiers sont à "l'abri" des interdictions ? Nous savons que ce n'est pas les amateurs qui vident la mer alors pourquoi nous interdire l'accès à ces coins ? Nous savions que les pros ne veulent pas la présence d'amateurs sur les rives car cela les empêchent parfois de mettre leurs filets à dix mètres du bord et devant un sectarisme qui nous semble clair cela nous incite à ne plus respecter ce fameux parc créer à notre détriment.
Ceux qui se sentent à l'abri de la création d'un parc naturel protégé dans le Var se foutent le doigt dans l'oeil, il est dans le cahier des charges de presque tous les maires de la bande maritime jusqu'à Nice. IL y a cinq ans on vous annonçait la venue d'une vague d'interdictions autour de Marseille et de Cassis, à l'époque personne ne voulait y croire et certains même ont essayé de nous prouver que tout cela ne se ferait jamais. Le résultat est clair car les pêcheurs amateurs n'ont pas de fédération qui les protègent, les élus peuvent facilement interdire un accès aux anonymes mais ne peuvent le faire face à une force fédérale. Au départ nous étions même d'accord pour lâcher nos coins de pêche pour la bonne cause, mais aujourd'hui vu que l'interdiction de prélèvement ne concerne plus que nous, nous ne pouvons plus tenir compte d'un tel raisonnement et au risque de se faire verbaliser nous irons pêcher dans le coeur du parc des calanques, point.
Ca y est, il est neuf heures ( du soir) je suis enfin de retour dans le calanques de Marseille, malgré le temps qui menace et la pluie qui a sévi toute la semaine je gambade vers la terre promise. Les deux semaines passées ne nous ont pas épargnées, les conseils d'école qui se succèdent le soir, les fonds familiaux au plus bas, tout se joue en une seule fois pour nous tenir éloignés de la mer, n'en parlons plus tout est loin derrière nous...enfin presque.
Pour le coup nous avons un programme chargé cette semaine, j'ai même été obligé de poser quelques jours de congés pour aller assurer quelques reportages car la venue de Marco ces jour-ci ne vont assurément pas être de tout repos. En attendant une question se pose franchement ce soir, il y a un vent de tout les diables, de la pluie, des éclairs à gogo, une fois arrivé sur le parking je ne suis pas sur de pouvoir pêcher. Pour être tout à fait honnête avec vous, ma petite histoire a débuté chez Orlando il y a quelques heures, il venait de recevoir deux milles gros bibis et je ne pouvait m'empêcher de reluquer les bacs où ils se tortillaient joyeusement. Ce soir je n'était pas réellement venu au magasin pour cela mais plutôt pour remplacer les tresses de mes lignes, prendre des calamarettes, quelques bouchons pour la saison des calmars qui arrive à grands pas. Mais mon ami va me faire soudain rentrer dans la quatrième dimension car il va me charger de tester quelques cannes à pêche et pour l'occasion il me fait profiter de ces monstrueux bibis et d'un ver de rimini. Pouaffff vu le temps de dingue qu'il y a ce soir je ne sait si je vais aller me risquer à jouer les équilibristes entre les éclairs de Marseille...mais un coup d'oeil au matos...aux bibis...Bon allé c'est parti...mon kiki....
En haut de la colline soudain je doute un peu moins, le gros vent qui vient de l'Est est le meilleurs flux pour le gros poisson en règle générale, il n'est pas aussi fort que dans la Gineste mais les gouttes de pluie m'inquiètent un peu. Me petite marche de quarante minutes va me conduire tout près de la première plage, la mer rentre assez fort mais les quelques promontoires en chaînes fraternelles m'assurent d'être pour le moment bien au sec. Je suis assez inquiet quand même car je suis allé un peu loin dans le raisonnement de ce soir, si le moindre orage arrive je ne sait pas comment je vais pouvoir regagner la voiture dans de bonne conditions car on le sait, les cannes en carbone attirent les étincelles du ciel comme une sardine les mouettes. Mais la nature est bien faite car en un instant on oublie tout, je suis assis à monter ma deuxième ligne quand je peut facilement voir la touche de la première ligne, l'écureuil monte sur le fil une fois puis retombe lentement comme il le ferrait sous la pression d'une vague, ce petit jeu va durer quelques minutes mais à force de mâchouiller le ver il va trouver l'hameçon en diamètre 3/0. Le départ est foudroyant le frein va chanter la marseillaise en "si" aigu comme si il avait pris une bonne bouffé d'hélium, je n'ai pas d'autres choix que de tout poser à l'arrachée au sol car les cachettes sous marines sont nombreuses ici et laisser un sparidé avec une option liberté dessus c'est l'assurance de le voir, heu non justement, de ne pas le voir...
Bon hé bé, je suis ici depuis dix minutes et j'ai déjà un beau poisson en poche, d'ailleurs, d'ailleurs...Tient mais ça me fait penser que je n'ai rien pris pour mettre mes poissons dedans ? En remontant le petit film de ce soir je me souvient qu'au départ je n'était pas parti pour une soirée pêche, bon en fouillant le sac je trouverais peut être bien un sachet plastique, tient au fait tout cela m'a donné soif...ha, je me souvient aussi que pour aller chercher quelques affaires de pêche on ne prends pas forcement de quoi boire, là je suis dans le caca parce que je n'en aurait pas non plus dans la voiture. Hé bé dis donc côté organisation y'a pas à dire, je suis un champion.
Le temps ne se met pas au beau je dirait même qu'il commence à devenir franchement pas amical, pour gagner un peu de temps sur le timing je décide de commencer à remballer les petites affaires qui sont éparpillées autour du sac sauf la boite où sont rangés les plombs de façon à ne devoir qu'a replier les cannes au cas où je devrait faire vite. Hou fan ! C'est tour de l'autre canne, belle touche bien nette comme seule les daurades savent les faire, là je laisse un peu car quand elles se sont piquées la touche est moins ordonnée, là c'est une touche comme à l'école des dodos, départ de frein suivi de trois tirettes pourries et des blancs d'une minute entre deux, tu parles j'ai l'habitude...Au fait je ne voit plus la lumière rouge de l'écureuil de la dernière canne phosfo du fond, par acquis de conscience je vais aller jeter un oeil...En fait il n'est plus sur le fil car il git entre deux cailloux et un peu de mousse par terre, ha bon ! Mouai...j'ai pigé c'est parce qu'un poisson y est dessus, un bon ferrage va me permettre de remonter mon deuxième beau poisson. Rapidement je vais pouvoir prendre quelques autres belles blanquettes et je vais faire une constatation qui est évidente ce soir à propos de la taille des bibis. J'ai mis trois cannes à pêche, la canne la plus loin a un bibi entier ligaturé, la canne du milieu aussi et la troisième un bibi coupé en deux et pour l'instant seul les gros morceaux font merveille, je sait que cela ne joue pas beaucoup ailleurs mais j'ai remarqué qu'ici les poissons veulent de grosses bouchées, du moins ce soir...
Dans le lot je vais en sortir deux daurades beaucoup plus grosses mais mon inquiétude grandi quand dans mon dos les éclairs commencent à faire du bruit. Ca me fait chier car il est onze heure et demi, j'ai pêché deux heures en tout et pour tout, pourtant si je reste encore je pense que ma vie ne va pas peser lourd face aux éclairs qui arrivent en trombe. Je n'ai plus le choix il faut faire vite car en plus la grosse pluie arrive aussi. Je remballe les cannes à toute vitesse, un coup de couteau pour couper fils, je balance tout dans une petite boite et en dix minutes je suis sur le chemin du retour.
Arrivé à la voiture je mesure à quel point je suis passé à travers une vrai catastrophe tout au long du chemin et il s'en est fallu de peu pour que les gros nuages qui rasent la crête me transforment en grillade...